Les preuves de la dérive et du danger, nous les avons en effet, et comme pour beaucoup d’autres sujets, la cécité organisée nous conduit au désastre. Juristes d’entreprise, dans l’exercice de notre profession, c’est au quotidien que nous le constatons : les arbitrages faits sans considération suffisante des conséquences à moyen ou long terme, qui conduisent à l’absurde, ne serait-ce que d’un point de vue purement économique, et qui aboutissent au-delà, à la remise en cause de l’essentiel pour l’Humanité : sa sécurité, sa pérennité… ce film de Jean-Paul Jaud en présentera quelques conséquences, qui sont sous nos yeux. Quand on regarde la bande annonce (http://www.nosenfantsnousaccuseront-lefilm.com/ ), on a le coeur qui se soulève. Productivité versus Humanité. Qu’ont-ils fait nos parents ? Fermer les yeux, ne rien dire, suivre le troupeau… ne pas perdre sa place, se garantir une bonne note à la fin de l’année permettant une prime… et pour d’autres, il s’agit de ne pas perdre un client qui exige qu’on défende l’indéfendable. Où sont donc passés nos principes, nos valeurs ? Si le chiffre a gagné un certain monopole de fait, ne nous y trompons pas, chacun est concerné. Et comme l’actualité le démontre clairement, Dame nature est bien décidée à remettre les choses à leur place, et nous serions bien inconscients de demeurer dans la fausse dynamique du « no limit », « carpe diem », la consommation sans réflexion, "le risque 0 n'existe pas" etc….
L’indépendance intellectuelle à laquelle nous sommes tenus, juristes d’entreprise, par notre déontologie, doit nous guider. Notre statut de salarié, protecteur, nous positionne comme les mieux placés pour agir au cœur des arbitrages, sur le terrain, pour être force de propositions à propos des questions fondamentales qui se posent ; nous sommes la conscience de l’entreprise, et nous avons, à ce titre, d’ailleurs, une responsabilité morale toute particulière. Les examens pour nos diplômes universitaires, comme ceux pour entrer au Barreau, devraient d’ailleurs permettre de tester les étudiants sur leur capacité à dire « non », à mon humble avis, au-delà des connaissances théoriques en droit, dont nous avons besoin. Or, ce n’est pas le cas en réalité, ni pour les uns, ni pour les autres. Et je ne parle même pas de la hiérarchie étouffante au sein des professions réglementées, ni de leurs systèmes d’examens opaques non uniformisés au niveau national… réminiscence d’une époque révolue, celle de l’Ancien Régime… bien loin du terreau nécessaire à la naissance de l’indépendance intellectuelle…
Nos Philosophes des Lumières doivent se retourner dans leurs tombes s'ils voient notre résultat en 2008...
Etre une conscience dans une entreprise, ça ne s’invente pas. Les structures de formation dans lesquelles les juristes (au sens large) évoluent ont une responsabilité sur les cerveaux qu’elles forment. De-ci de-là, certains "résistent" à l'effet de masse, naturellement, ou bien formatés dans les rares universités qui permettent l’éclosion de la conscience ; en ce qui me concerne, il s’agit de Paris 8, et j’en suis particulièrement fière. Il s’agit là d’un savoir-être, et non d’une compétence technique, et encore moins d’une couleur politique (je n’adhère à aucun parti à ce jour).
Or le savoir-être qui est demandé dans le monde aujourd’hui est le suivant : « ne pas faire de vague » ; j’ai même entendu le terme « docilité »… CQFD… Il faut repenser le monde, et vite.
Le but de l’entreprise est effectivement de mettre en commun des moyens pour en tirer des fruits ; son but n’est donc pas de détruire, mais de créer de la valeur. Et il est tout à fait possible de créer de la valeur, sans détruire et sans même prendre le risque de détruire. Pour ne citer que celles-ci, les conclusions des nombreux experts qui se sont exprimés à l’Unesco (j’ai eu l’honneur d’assister à de nombreuses conférences), l’affirment : on peut être performant, se développer, en respectant notre environnement, et j’ajouterai notre dignité. Par conséquent, il faut contredire les partisans du « risque 0 n’existe pas »… où qu’ils soient… ! D'urgence !!
J’ai eu la malchance d’en croiser plus d’un jusqu’ici, tous convaincus de la légitimité de leur credo… Ils sont prêts à tout, même à vous avertir en vous indiquant que votre intérêt personnel n’est pas de les contredire… cependant, quel que soit le prix, je dis haut et fort, que le risque 0 existe très souvent, pour ne pas dire toujours.
L’alternative à l’inconscience, ou au profit d’individus isolés ou groupés au détriment du monde, existe toujours. C’est notre libre arbitre et notre conscience qui doivent faire la différence.
C’est l’intérêt de chacun de nous, c’est l’intérêt de toute entreprise même au prix de la remise en cause de son activité ancestrale ou de ses modes opératoires (et certaines le font très bien d’ailleurs), car c’est l’intérêt de l’Humanité.
Les Lois, aussi adaptées puissent-elles être (ce qui n’est, de surcroît, pas toujours le cas évidemment), ne suffiront pas, car nombreux sont ceux qui tentent de les détourner de leurs fins…
Seul le courage de chaque individu pourra changer les choses : la capacité à dire « non » à ce qui est inacceptable, la capacité à l’entendre lorsque c’est justifié, chacun à son échelle, au quotidien, et quel que soit le prix à payer ou l’effort personnel à faire, pour cela.
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