Ce que l’Holocauste
nous a enseignés à nouveau dans notre Histoire, est de mon point de
vue, une nouvelle leçon illustrant combien l'être humain peut être misérable, autant et parfois plus qu'il peut être le meilleur.
Et de mon point de
vue, toute la portée de cette nouvelle leçon de l'Histoire de
l'Humanité durant la seconde guerre mondiale, n'a pas toujours été mesurée à la hauteur de ce qu'elle est.
Avant tout, cet
épisode tragique qui a conduit à l'extermination de millions
d'êtres humains, nous rappelle la capacité de l'être humain à
faire le pire contre un autre être
humain, soit qu’il néglige de considérer ou respecter cet autre jusqu'à son droit à la vie,
soit qu’il ait la faiblesse de se déterminer capable ou légitime pour complètement se substituer à cet autre, sans jamais en douter, jusqu'à le priver de son droit à la vie. Ce n’est donc pas un détail.
Cette évidence
profonde de ce qu'est la nature humaine, ne doit jamais échapper à
quiconque ; les épisodes de l'Histoire de l'Humanité qui le
démontrent ont été suffisamment nombreux, comme la vie de Monsieur
et Madame tout le monde (à une autre échelle néanmoins pas moins
suffisamment révélatrice), à en apporter la preuve irréfutable.
La construction
intrinsèque de ce pire là, personne ne l'ignore vraiment, mais
beaucoup acceptent encore de l’ignorer ou de le justifier dans leur
quotidien.
Or c’est bien la
soumission de l'autre jusqu'à la négation de l'autre, qui est la construction intrinsèque qui
conduit à de telles atrocités, avant toute autre considération.
L'Histoire de
l'Humanité l'a prouvé, et le prouve encore chaque jour. Associée à
un pragmatisme effrayant, cette construction intrinsèque est allée
jusqu'à mettre en oeuvre le recyclage des corps en produits
négociables, comme si la soumission puis l'extermination de l'autre
n'étaient encore pas suffisantes ; en y pensant, le dégoût est le
seul sentiment qui m'envahit, quand je pense à l’Holocauste.
A cette construction
intrinsèque (la soumission de l’autre), s'ajoute, suivant les
périodes de l'Histoire, ce qui me paraît juste d'appeler "le
prétexte". Ici, ils étaient juifs pour la plupart, et dans
tous les cas ils étaient ceux qui étaient considérés comme
"différents".
Et sur la base de ce
prétexte ajouté à la volonté de soumission de l’autre, les
privations, la torture, l'extermination, le commerce de leur corps
même, devaient trouver une justification collective.
Hitler avait été
élu par une très très grande majorité, tel que je le rappelais
dans un de mes articles sur mon blog ici en 2017.
Le nombre n'est pas
toujours, la raison. C'est aussi, parmi d'autres éléments, la
portée de la leçon que nous devons tirer de l'Holocauste, je le
crois.
Et combien ont
observé, en toute connaissance de cause, sans rien faire, confrontés
à la nécessité de leur propre survie opposée à celle de cet
autre calomnié, stigmatisé, harcelé, torturé, dépecé, dans le
cadre d'une soumission véritable imposée aussi à certains
observateurs ; ou nécessité feinte en toute complicité pour
d'autres, ceux-là dont la question de la survie n'a en fait jamais
été en jeu ?
Combien d'entre eux
ont laissé faire, ou pire, ont conduit eux-mêmes, l'autre, à son
asservissement, et jusqu'à sa mort ? Parfois, en racontant qu’il
s’agissait juste de les emmener de force, mais pour leur bien, en
toute bienveillance...dans cette autre contrée.
Artistes, musiciens, érudits, personnes lettrées, artisans, et ils étaient en nombre des juifs, mais aussi tout individu de toute condition, juif ou non, des hommes, des femmes et des enfants, allaient devoir tout abandonner, et apprendre de force, la nouvelle devise du Reich pour leur bien : travailler pour le Reich, obéir aux devoirs fixés par le Reich, pour le bien du peuple tout entier ; à première vue, rien d’inquiétant vous dit-on, c’est pour le bien du peuple. Enfin, mais tout de même, quiconque n’est pas d’accord, juif ou pas, a nécessairement tort, et surtout pas le droit de l’exprimer ; il doit être enfermé pour son bien vous dit-on, il ne doit pas parler trop fort, surtout pas hausser le ton, il doit apprendre à ne pas contester le Reich, et s’il aide ceux que l’on prive de leurs biens pourtant légitimes et que l’on prive même de leur vie, il doit être tué, immédiatement.
Artistes, musiciens, érudits, personnes lettrées, artisans, et ils étaient en nombre des juifs, mais aussi tout individu de toute condition, juif ou non, des hommes, des femmes et des enfants, allaient devoir tout abandonner, et apprendre de force, la nouvelle devise du Reich pour leur bien : travailler pour le Reich, obéir aux devoirs fixés par le Reich, pour le bien du peuple tout entier ; à première vue, rien d’inquiétant vous dit-on, c’est pour le bien du peuple. Enfin, mais tout de même, quiconque n’est pas d’accord, juif ou pas, a nécessairement tort, et surtout pas le droit de l’exprimer ; il doit être enfermé pour son bien vous dit-on, il ne doit pas parler trop fort, surtout pas hausser le ton, il doit apprendre à ne pas contester le Reich, et s’il aide ceux que l’on prive de leurs biens pourtant légitimes et que l’on prive même de leur vie, il doit être tué, immédiatement.
Des trains entiers
ont ainsi emmené des femmes et des hommes, et leurs enfants, en les
obligeant à tout abandonner de leur vie parce qu’ils étaient
différents, ils n’étaient pas conformes aux droits concédés ou aux devoirs décidés, pour le peuple, par le Reich.
Ces trains les ont
conduits vers des camps de travail forcé, et des camps de mort,
monstrueusement organisés, pour les soumettre.
Les plus imaginatifs
pour inventer de nouvelles ressources collectives, auto-proclamés
bienveillants, ont inventé des procédés pour fabriquer du savon
avec certains éléments des corps meurtris.
Il faut méditer
tout cela, à l’heure où beaucoup veulent refaire un monde qui en
effet, n’est pas parfait. Pas qu'il faille abdiquer devant son imperfection, simplement, il faut méditer tout cela suffisamment, parce que réfléchir, évite que l'on ne fasse pas mieux, et évite surtout que l'on fasse pire.
N’oublions jamais
que la liberté de l’individu, l'autre, est le principe. N’oublions pas
non plus que seul le droit y fixe parfois des exceptions légales
parce que légitimes, ni que l’Histoire a déjà démontré que la loi
vite faite ou la loi dans de mauvaises mains ou fabriquée par un
régime arbitraire, pouvait être illégitime. Tout simplement parce que l'être humain est aussi capable du pire.
L’Holocauste, en
est l’illustration.
Voilà, de mon point
de vue, le mal dont souffre l'Humanité, depuis la nuit des temps. Et
je crains, que ce mal soit bien toujours là, parmi nous, au
quotidien. On le voit partout à travers le monde.
Combien l’ont
oublié, ou préfèrent l’oublier, en observateur intéressé, qui
y gagne quelque chose ? un avantage quelconque, parfois, juste pour
gagner un peu d’argent, ou encore un peu plus de celui dont on dispose déjà; ou encore simplement pour
exister un instant dans la lumière, ou juste dans le regard éphémère
d’un groupe, un clan, donnant droit de vie ou de mort, au sens
propre ou figuré, et dans tous les cas usant de soumission, selon
des critères arbitraires ou utilisés arbitrairement.
N’est pas
forcément bienveillant, qui affirme l’être.
N’oublions jamais
que la liberté de l’individu, l'autre, est le principe. Sinon, tout devient
in fine négociable, le corps, la vie, après les biens sans
consentement véritable ou sans droit de contester avant d’en être privé.
Dans les petits
gestes quotidiens de soumission de l'autre, déjà inacceptables,
n’oubliez jamais qu'il s'agit bien déjà d'un monstre qui
s’exprime là, capable du pire, et qui ne dort que d'un œil, en chaque être humain.