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08 juillet 2019

Adieu Vincent

Cher Vincent,

C'est à toi que je veux penser et parler maintenant que nous apprenons le caractère irréversible des conséquences de l'arrêt de ton hydratation depuis 6 jours.

C'était le but recherché par ceux qui ont décidé cela.

Et c'est bien l'arrêt de l'hydratation en particulier, au-delà de l'arrêt de la nutrition, qui provoque la mort.

Ce serait aussi vrai pour n'importe quel être humain, en parfaite santé.

Je ne sais pas ce que tu penserais de ceux qui se succèdent sur les plateaux tv, pour venir dire l'exact contraire de cette vérité scientifique.

Je ne crois pas qu'ils honorent plus ta mémoire par un tel déni, que ceux qu'ils dénoncent pour leurs croyances qui y porteraient atteinte selon eux.

Ils sont si peu courageux pour admettre la vérité de ce qui se passe... certes tu es "sédaté" répètent-ils en boucle pour se justifier... disons plus clairement les choses : tu es drogué pour ne pas ressentir la douleur qu'entraînent la faim, et surtout la soif, jusqu'à décès.

Mes prières se joignent donc à celles de tes proches et amis, à l'heure où ces privations ont causé une situation irréversible sur ta santé.

Je regrette que tu n'aies pas pu exprimer toi-même ton choix. Si des directives expresses peuvent être une indication non contestable quant à la volonté de l'intéressé qui les a écrites et au moment de leur écriture (absentes dans ton cas), tous les médecins qui ne mentent pas, savent que n'importe qui est conscient d'être en danger de mort (et dans ton cas, cette question ne se posait pas présentement, et ne se posait plus depuis ta réanimation et stabiliation il y a 10 ans...): supplie à 99% des cas au moins son médecin, de tout faire pour le sauver.

Toi, tu n'as pas eu la chance de pouvoir crier "sauvez-moi" comme ces 99%.

Si des directives expresses de choix du pire elles-mêmes peuvent être contredites par l'interessé et c'est le cas dans plus de 99% des cas où un être est consciemment face à la mort (c'est d'ailleurs entériné dans la loi pour cette raison), comment ne pas comprendre que des propos rapportés ne doivent pas pouvoir être considérés comme preuve suffisante de la volonté d'autrui pour décider à sa place de sa vie ou sa mort !
C'est bien trop dangereux, cela apparaît dorénavant comme une évidence à de nombreuses personnes qui ne l'avaient pas compris avant.

Et il est évident, que l'hydratation ou la nutrition, à elles seules, ne doivent pas pouvoir être considérées comme un acharnement thérapeutique, pour un être humain qui n'est pas en fin de vie. Le danger est trop grand, a fortiori pour les plus fragiles.

Ceci étant dit, les quelques articles fondamentaux infra me font inlassablement méditer depuis une semaine, tout en pensant à toi. Je n'en n'ai pas parlé par respect pour l'intimité de ta famille, dont j'ai compris combien des douleurs profondes avaient pu être projetées sur toi.
Et je sais combien un tel fardeau de projections héréditaires, peut être lourd à porter.

Art 6 Déclaration des droits de l'homme et du citoyen 1789
[La loi] doit être la même pour tous[...] 
Art 11 Préambule de la Constitution de 1946
[La loi] garantit à tous[...], la protection de la santé, la sécurité matérielle, le repos et les loisirs. Tout être humain qui, en raison [...] de son état physique ou mental, de la situation économique, se trouve dans l'incapacité de travailler a le droit d'obtenir de la collectivité des moyens convenables d'existence.
Article 3 Déclaration universelle des droits humains 1948 
Tout individu a droit à la vie [...].
Article 25
1. Toute personne a droit à un niveau de vie suffisant pour assurer sa santé[...] notamment pour l'alimentation, [...] les soins médicaux [...]; elle a droit à la sécurité en cas de chômage, de maladie, d'invalidité, [...] ou dans les autres cas de perte de ses moyens de subsistance par suite de circonstances indépendantes de sa volonté. 
Article 29
2. Dans l'exercice de ses droits et dans la jouissance de ses libertés, chacun n'est soumis qu'aux limitations établies par la loi exclusivement en vue d'assurer la reconnaissance et le respect des droits et libertés d'autrui et afin de satisfaire aux justes exigences de la morale, de l'ordre public et du bien-être général dans une société démocratique. 
Article 30
Aucune disposition de la présente Déclaration ne peut être interprétée comme impliquant pour un État, un groupement ou un individu un droit quelconque de se livrer à une activité ou d'accomplir un acte visant à la destruction des droits et libertés qui y sont énoncés. 
ARTICLE 2 Convention européenne des droits de l'Homme
Droit à la vie
1. Le droit de toute personne à la vie est protégé par la loi. La
mort ne peut être infligée à quiconque intentionnellement, sauf en
exécution d’une sentence capitale prononcée par un tribunal au
cas où le délit est puni de cette peine par la loi.
2. La mort n’est pas considérée comme infligée en violation de
cet article dans les cas où elle résulterait d’un recours à la force
rendu absolument nécessaire :
a) pour assurer la défense de toute personne contre la
violence illégale ;
b) pour effectuer une arrestation régulière ou pour empêcher
l’évasion d’une personne régulièrement détenue ;
c) pour réprimer, conformément à la loi, une émeute ou une
insurrection. 
ARTICLE 3
Interdiction de la torture
Nul ne peut être soumis à la torture ni à des peines ou traitements
inhumains ou dégradants. 
ARTICLE 17
Interdiction de l’abus de droit
Aucune des dispositions de la présente Convention ne peut être
interprétée comme impliquant pour un État, un groupement ou
un individu, un droit quelconque de se livrer à une activité ou d’accomplir un acte visant à la destruction des droits ou libertés
reconnus dans la présente Convention ou à des limitations
plus amples de ces droits et libertés que celles prévues à ladite
Convention. 
ARTICLE 18
Limitation de l’usage des restrictions aux droits
Les restrictions qui, aux termes de la présente Convention, sont
apportées auxdits droits et libertés ne peuvent être appliquées que
dans le but pour lequel elles ont été prévues.

Fort heureusement, le principe de droit à la mort ou celui de droit à la mise à mort, d'un être vivant, ne sont pas évoqués dans notre bloc constitutionnel ni dans la Déclaration universelle des droits humains. C'est bien le droit à l'existence, sans discrimination, et le droit à la vie, même en cas d'invalidité, qui y apparaîssent sanctuarisés, et non le droit à la mort, encore moins le droit à la mise à mort, d'un être vivant.

Et le droit à la vie est donc bien sanctuarisé dans le droit français, dans le droit international, et dans la convention européenne des droits de l'Homme que doit en principe garantir la Cour Européenne des droits de l'Homme.

Encore faudrait-il, donc, que cela soit appliqué.

Juriste, je suis évidemment consternée que le droit fondamental en vigueur ne soit pas appliqué, au profit d'une simple loi...extrêmement dangereuse, a fortiori si son application s'exonère du droit fondamental, pour les personnes les plus fragiles, qu'il a vocation à protéger en premier lieu.

Au-delà du droit, ceux qui ont voulu cette issue mortifère sans aucun retour, pour toi, et ceux qui ont su exploiter un texte dangereux jusqu'à effacer des valeurs fondamentales dans l'indifférence généralisée, et su exploiter les conflits douloureux de votre famille vers une mise à mort avec privation de toute option de soins spécialisés (dont d'autres polytraumatisés comme toi bénéficient, eux) depuis 10 ans, affronteront peut-être un jour le regard et les questions de ta fille, au-delà de leur propre conscience si elle renaît un jour...- il me semble à moi qu'ils ne puissent arguer d'en disposer plus que toi...- et qui les bouleverseront alors peut-être plus qu'ils ne le pensent.

Leur marketing militant de l'apaisement prétendu en suite d'une telle décision, donnera lieu à de grandes désillusions à mon humble avis, peut-être même pour eux-mêmes en premier lieu ; lorsqu'ils s'apercevront que ton absence n'a pas résolu leurs tourments profonds dévastateurs, car ta présence ou ta prétendue volonté, n'en n'était évidemment pas la cause ni le fondement.

Je ferai tout ce qu'il m'est possible de faire, pour qu'un tel drame ne se reproduise plus jamais ; et tout, pour que l'ampleur dramatique et extrêmement grave en terme de portée socio-juridique, qu'a pris ton cas bien malgré toi, puisse être enrayée.

Adieu Vincent. Mes prières t'accompagnent, toi et les tiens.