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30 août 2016

Burkini par-ci, burkini par-là, ou la Constitution française, travestie.




Le burkini. Voilà en ce tissu, comme le voile, le recul par excellence, de l’Humanité. Non seulement parce qu’une telle conception colle sur la femme, l’image de la tentation du diable qui nous renvoie des siècles en arrière, mais aussi parce qu’elle infantilise l’homme, qu’elle décrète incapable de contrer par sa conscience, la tentation que seraient pour lui les attributs féminins (même les seuls cheveux, pour le simple voile).

Quelle tristesse de voir ainsi l’Humanité régresser par une telle lecture de la relation homme-femme et du rapport aux attributs sexués. Dans une telle conception erronée, purement animale, qui nie totalement l’intellect qui différencie l’Humanité des autres espèces vivant sur terre, vous l’avez compris, il ne s’agit pas en réponse, de responsabiliser les hommes, soit ici, leur imposer un minimum de maîtrise de leurs pulsions sexuelles ou d’élévation intellectuelle de leurs sens...

Que nenni.

On lit bien les défenseurs honnêtes du voile et du burkini… tout au contraire, il s’agit bien pour eux de considérer que c’est à la femme, d’être cachée par volonté ou contrainte, en ses attributs féminins, même les plus anodins, comme les cheveux.

Ne serait-ce qu’à cet égard, le burkini comme le voile, sont déjà contraires au principe d’égalité.

Alors ? Toutes les simagrées et la pseudo liberté constitutionnelle appelée à la cause en défense, précédemment du voile, et dorénavant du burkini, sont juste là pour jeter un écran de fumée sur la réalité de...
...la démarche, et une certaine forme de démagogie et de dérive.

D’aucuns pourront essayer de tordre la réalité, il se trouve qu’elle est incontestable ; le port obligatoire de la ceinture en voiture, par exemple, a soulevé des questions comparables qui étaient alors légitimes, ce qu’elles ne sont pas ici ; et la volonté de l’automobiliste d’assumer les conséquences, comme son choix libre de ne pas la porter, au risque conscient de sa vie, sont inopérants en droit.

Je crois en Dieu. J’ai reçu une éducation religieuse catholique, religion qui n’est pas, complètement exempte d’excès divers[…] la femme en dehors de Marie, était aussi illustrée comme la tentation diabolique dès le jardin d’Eden.
[…]
La séparation de l’église et de l’Etat a contribué à mettre de la distance entre les excès de notre religion catholique, et la société. Je ne suis pas convaincue, que le financement d’œuvres catholiques culturelles, ait accéléré le phénomène bénéfique qu’est cette distance respectueuse, nécessaire. Je le dis, je réfléchis et je me pose la question. Il serait intéressant de se plonger dans l’évolution sociologique qui a suivi cette distanciation en 1905, pour mesurer complètement les choses, même si les questions actuelles ne sont sans doute pas complètement transposables.
[…]
Une religion quelle qu’elle soit, l’Islam ou toute autre, qui considère la femme comme prédéterminée à être le diable ou la tentation diabolique, aux yeux de l’homme, nécessairement victime lui, y compris de sa propre faiblesse, ne correspond pas à ma vison de la conscience humaine, ni à ma foi en Dieu, ni à l’Etat de droit dans notre pays ; et en cela l’état du droit ne doit pas nécessairement changer en ses principes, puisqu’ils sont simplement mal appliqués ; l’avis perceptible de la très grande majorité des français sera identique si on leur expose correctement l’état du droit. On peut regretter que le Conseil d’Etat dans sa décision rendue sur un arrêté « antiburkini », présente une version erronée de l’état du droit, à l’heure où il est déjà très malmené à tort.

Et finalement, même si je connais bien les femmes au-delà du fait d’en être une, et même certaines qui excellent bien mieux que moi dans l’art de la séduction, j’ai trop de respect pour la conscience des hommes, pour céder à des raccourcis qui présentent la séduction de façon sexiste et réductrice, et nécessairement perverse, et irrésistible pour eux. Car je n'infantilise pas les hommes.

Je privilégie la conscience et la responsabilité, aux fables que sont des interprétations trop simplistes, ou à l’opposé trop exaltées, du rapport homme-femme, et de l’inter-relationnel en général.

Et en droit, les faits sont terribles en terme de neutralité. Alors terrorisons, voulez-vous, en quelques mots, l’allégorie.

Le droit n’est pas en dehors de la société. La décision du Conseil d’Etat, n’est-elle pas dangereuse, en ce qu’elle porte en elle-même une réduction telle du champ de la notion d’atteinte à l’ordre public, que seule l’émeute paraît pouvoir la constituer ? Vu les autres incidents en France cet été (Corse), le risque d’une telle perception, est en effet, évident.

C’est la porte dangereuse qu’ouvre cette décision du Conseil d’Etat, qui nie complètement la situation de tensions de notre pays, au-delà de la négation même du droit en vigueur !

La question s’est posée de savoir si le droit, doit s’exonérer des circonstances. C’est difficile à soutenir pour ce qui concerne la loi. Elle a précisément vocation à régler de façon générale, des situations de circonstance qui se répètent ou sont susceptibles de se répéter […]. Et s’agissant de la Jurisprudence, elle a, plus que toute autre source du droit, vocation à régler des situations de circonstances, dans le respect du droit […]

Et, le temps des Parlements est révolu… le droit est national. A l’ère du numérique, les risques d’atteinte à l’ordre public se propagent d’une province à l’autre à la vitesse de l’éclair… les circonstances sont donc nécessairement à mesurer au niveau national, a minima…

Aussi, à mes yeux, la décision du Conseil d’Etat ne tient pas, en droit, déjà sur le seul argument de l’ordre public et sa mesure : le droit positif ne me paraît pas poser un champ si restreint de la notion d’atteinte à l’ordre public que celui établi par le Conseil d’Etat, ni permettre un tel déni du risque d’atteinte vu les circonstances et l’ « époque nationale » au moins…

A mes yeux elle ne peut pas plus nier de la sorte combien l’atteinte à l’égalité homme-femme, principe constitutionnel, faut-il le rappeler….est constitutive en elle-même d’une atteinte à l’ordre public, suffisante, pour justifier que soit interdite cette tenue étrange.

Elle couvre le corps de la femme lambda en intégralité, au prétexte d’une pudeur imposée à la femme ou adoptée par elle ; pudeur fondée sur l’idée que la femme serait en elle-même par son seul genre soit les attributs visibles de la féminité en maillot de bain (les seuls cheveux pour le voile…), la tentation diabolique ou irrésistible, que l’homme ne serait pas en mesure, par sa conscience, de contrer ; et, c’est admettre qu’il n’aurait pas lui, le devoir d’y résister de sorte qu’il ne lui saute pas dessus sans égard ; et c’est aussi consacrer par là même le principe selon lequel,  seule la femme serait responsable en droit en conséquence, et qu’elle devrait donc bénéficier d’une liberté inviolable de se recouvrir complètement à l’appui de cette conception, et réservée à son genre.

C’est effrayant. Poursuivons, nous devons terroriser cette frayeur.

Curieux raisonnement, qui ne tient absolument pas en droit, on le voit.

On aurait presque envie de rire, si l’on n’avait pas envie d’hurler face à l’inconsistance totale de ceux qui emmènent notre pays dans une telle spirale très dangereuse.

La conception insensée précitée ne peut non plus constituer un raisonnement valable en droit car celles qui ne souhaitent pas porter le burkini subissent une considération différente en terme de pudeur, par leur entourage, c’est largement établi par tous les acteurs sociaux éducatifs. L’égalité est donc aussi ici rompue entre les femmes, ce que permet la décision du Conseil d’Etat.

La décision du Conseil d’Etat est donc anticonstitutionnelle. C’est une évidence.

Avec cette décision qui nie l’atteinte évidente portée à un principe constitutionnel, constitutive en elle-même d’une atteinte à l’ordre public, la boite de Pandore est ouverte.

Nous serons bientôt très ennuyés pour argumenter dès qu’un viol se produira, disons le aussi : l’homme plaidera-t-il bientôt la tentation irrésistible si la femme n’était pas voilée ou en burkini ? […]

Comme tout cela est navrant, au-delà d’être choquant ! Tous les juristes devraient être vent debout contre ces évènements liés au burkini vu leur portée gravissime !

J’ajouterai que la question du burkini, parmi d’autres, est aussi particulièrement maltraitée dans les medias, ce qui est non seulement navrant mais aussi dangereux.

Pour mesurer le degré d’absurdité de certains propos, et de danger vu l’ignorance ou la régression humaine ainsi véhiculée, tenus par des personnes qui s’autorisent à dire le droit à la télévision, sans aucune compétence, parfois sans habilitation non plus… il suffit de considérer la comparaison faite par Yann Moix sur le plateau de la dernière émission très populaire « On n’est pas couché » : le burkini selon lui, devrait être autorisé, parce que le rapporteur de la loi de 1905 évoque dans les travaux parlementaires ayant présidé à la séparation de l’église (catholique) et de l’Etat, la soutane des prêtres qui devait être autorisée automatiquement, car l’Etat ne devait pas se mêler de (l’habit ici) religieux… autrement dit les femmes en burkini doivent être considérées comme des religieuses ? …C’est bien cela si l’on suit le raisonnement de Yann Moix selon la lettre des travaux, telle qu’il l’a citée… A ce petit détail près, donc, que les femmes en burkini, ne sont pas des religieuses ; chacune est une « Madame tout le monde », justement. Est-il utile de le préciser … 

Il s’ensuit nécessairement une désinformation de masse, extrêmement grave pour la Cité, car le citoyen lambda reçoit ces fausses nouvelles et les considèrent comme la lettre du droit et l’esprit du droit, ce qui est faux.

Des personnes, journalistes ou chroniqueurs, qui manifestement n’ont pas la moindre compétence en droit, et dont la logique de raisonnement peut aussi sérieusement être critiquée, se permettent néanmoins d’affirmer des absurdités sur un ton plus que péremptoire, tout en donnant de surcroît des leçons de lecture de la loi de 1905… qui rappelons-le traite de la séparation de l’Etat et des religions… Or, avant de lier le burkini à cette loi, comme le voile d’ailleurs, sur la base des travaux parlementaires ainsi diffusés, il faudrait d’abord établir que c’est un vêtement comparable à la soutane d’un prêtre, donc.

En outre, même le voile n’est pas un vêtement prescrit par la religion musulmane aux femmes non religieuses, selon certains spécialistes de l’Islam.

Et quoi qu’il en soit, ceux qui l’imposent ou celles qui l’adoptent, souhaitent donc cacher les femmes, et donc les traiter différemment des hommes ou d’autres femmes, dans leur rapport visuel au sexe opposé, soit diviser aussi les femmes entre les femmes pures et les impures ; c’est leur conception de la femme, c’est leur conception de la cohésion nationale, c’est leur conception de l’égalité...

Voilà l’interrogation à laquelle devaient et pouvaient, répondre les magistrats du Conseil d’Etat.

Comme ceux qui ne mettent pas leur ceinture en voiture ont une conception erronée de la liberté, qui leur vaut une amende, car la République a posé en principe aussi la possibilité de restreindre leur liberté à ce sujet, ceux qui véhiculent un traitement différencié de la femme vis-à-vis de l’homme, ou de certaines femmes vis-à-vis des hommes, doivent être sanctionnés.

Mais comment, une telle évidence, n’inonde-t-elle pas les plateaux télé depuis 15 jours ?
La raison a-telle abdiqué ? 

Certains souhaitent-ils s’exonérer des principes de la République, au nom de leur religion, ou disons, au prétexte d’une religion ? Allons-nous laisser cautionner cela par notre propre justice ?

Les français veulent-ils, face à la frange la plus extrémiste de l’Islam, accepter un traitement différencié qui divise, oppose les femmes entre elles, et déresponsabilise les hommes bénéficiant d’une immunité admise face à la tentation opérée par le genre féminin en ses caractéristiques visibles en maillot de bain voire opérée par les seuls cheveux ? C’est ce qu’accepte la décision du Conseil d’Etat, en ignorant l’inconstitutionnalité du burkini. 

Voilà, au travers de tout ce que dessus, l’essentiel de ce qui devait être tranché par le Conseil d’Etat, s’il avait rendu cette décision en droit.

Qu’il s’agisse donc d’une interprétation religieuse extrême ou d’une simple opinion, ce goût du burkini, est en tout état de cause, contraire aux principes républicains, en ce qu’une atteinte au moins est portée à l’égalité, et pas des moindres. Point. Nul besoin de chercher dans la loi de 1905, des fausses excuses, de faux prétextes.

Il n’est nul besoin, pour garantir l’égalité réelle, me semble-t-il, de traiter cela sous l’angle de la religion ; tout au plus, est-il utile de préciser qu’une telle atteinte a aujourd'hui pour origine un dévoiement de la religion musulmane – et le simple, cependant grave, dévoiement de l’esprit pour les autres -  visant la négation de la féminité par l’imposition d’une pudeur régressive, voire l’asservissement de la femme réputée tentatrice diabolique irrésistible par nature, en la privant de la vie sociale dont son être libre, soit une femme telle qu’elle est,  devrait pouvoir jouir, à égalité avec le sexe opposé ou les autres femmes ; et sans imposer non plus une inégalité aux autres femmes, regardées elles, alors, comme impures... l’essentiel à réprimer, en fait et en droit, est la volonté de négation de ce qu’est la femme, et son enfermement, et les ruptures d’égalité. Nous sommes bien face à une atteinte majeure, pure et simple, à l’égalité, et à ce qu’est la femme, tout simplement.

Cette question est d’une simplicité déconcertante, et je m’étonne de la décision du Conseil d’Etat.
Et il est stupéfiant d’apprendre aujourd’hui que des tribunaux ont décidé de se baser sur cette décision, alors qu’elle est manifestement inconstitutionnelle.

Il faut en revanche poser la question du financement de la culture islamique par des fonds publics, proposé hier, qui lui, pose clairement et effectivement la question de la loi de 1905. Dans quelle mesure un tel financement est-il compatible avec la loi de 1905, justement ? Les autres cultes bénéficient-ils, eux aussi, d’un financement public en soutien de la culture née de chacun de ces autres cultes ? La France doit-elle diffuser une culture religieuse via structure publique, aux frais du contribuable, quelle qu’elle soit et de façon indépendante du reste, ou seulement l’histoire multi-religions et la théologie multi-religions ?[...]

Je n’ai pas de réponse à toutes les questions. Mais je ressens le devoir de me les poser. A mes yeux, la peur n’a pas sa place dans cette démarche qui est intellectuelle, sociétale, sociologique, juridique.

Et quelle place donner aux religions en entreprise ? La neutralité est-elle la réponse ?

A titre personnel je le pense aujourd’hui, car la décision du Conseil d’Etat démontre l’ampleur de la dérive, comme je pense pour la même raison, qu’un moratoire est un minimum qui s’impose quant au voile dans l’espace public, y compris l’université, au moins tant que la religion musulmane n’est pas mieux organisée et régulée autour de ce qui doit être un Islam de France et, je soutiendrai en conséquence à titre personnel au moins une interdiction temporaire pendant 15 ans, du voile, le temps que le débat mûri nécessaire se fasse : le temps que les fanatismes soient éradiqués, le temps que le dévoiement des esprits qui veulent imposer une différence de traitement des femmes basé sur les attributs diaboliques de la féminité, soit corrigé.

Aurait-on pu penser, en 1968, en être là en 2016 ? Et, les Lumières doivent se retourner dans leur tombe, a fortiori quand certains les convoquent pour justifier de la liberté pour une femme de s’enfermer en tant que telle, derrière un tissu d’autocensure de ses moindres attributs féminins…

Ces questions doivent être débattues avec le Peuple de France dans le cadre de débats, et les juristes de France, ont le devoir d’éclairer le débat, car nous, Juristes de France, connaissons le droit, et nous le ressentons, comme nous le vivons, avec nos concitoyens, et sans doute plus que quiconque.

Au-delà de ce rappel notamment du B et A, BA, du raisonnement juridique, et la portée sociologique, la décision du CE doit être lue du point de vue politique, et juridique au sens macro juridique.

Elle soulève ainsi nécessairement de façon subséquente, la question de la bonne administration de la justice, dès lors qu’elle expose ici la Cité à l’émeute, et ne la prévient pas de la négation sexiste de la femme puisqu’elle permet d’éliminer du regard, même les attributs féminins seulement visibles en maillot de bain (après le voile, qui masque les seuls cheveux, en tant qu’attributs féminins).

Ce sujet là de la bonne administration de la justice est vaste, je l’ai évoqué dans une vidéo l’hiver dernier et j’ai fait quelques propositions, qui doivent être complétées et adaptées vu les circonstances ; je suis convaincue qu’un large débat s’impose, car trop nombreuses sont les décisions qui s’éloignent du sens du droit en vigueur, et en particulier celles qui s’éloignent de la portée des principes constitutionnels face à la réalité, qui n’y est donc plus soumise. Ce qui est très grave.
[…]

La décision du Conseil d’Etat concernant le burkini, et les décisions dans le même sens de tribunaux, qui suivront, sont un exemple parmi tant d’autres.
[…]
Cela conduit à l’abysse qui se creuse entre les citoyens, entreprises incluses, et la justice dans notre pays ; cela conduit aussi nécessairement en conséquence, au discrédit de la justice et des praticiens : l’incompétence de quelques-uns (magistrats mais aussi d’autres praticiens) et la démagogie, rejaillissent sur l’ensemble de l’Institution et l’ensemble des praticiens, et cause un grave préjudice à la Nation. C’est un problème majeur que nous avons le devoir de régler.

Question de fond, qui se retrouve, hélas, sur tous les sujets du droit, et couvre ainsi un champ très vaste, bien au-delà des peurs de circonstances. Croyez bien que je le déplore profondément, et je suis déterminée à faire évoluer les choses pour redonner à la justice ses lettres de noblesse, car les citoyens doivent être confiants en leur justice, ce qui n’est pas le cas en l’état.